mardi 19 avril 2011

Chronique de Ueli Steck : Sur le chemin du Shisha Pangma...


Texte : Ueli Steck
Traduction : Mountain Hardwear


10 avril, 7h00 :

Nous quittons Kathmandu. En matinée, le trafic est dense. Nos minibus sont évacués dans des rues étroites. Sur la périphérie, nous passons devant d'innombrables fours à briques. Pas étonnant que la qualité de l'air soit pitoyable : toute cette fumée noir qui s'échappe de ces cheminées, en plus du trafic dans l'ensemble de la ville et la poussière qui tourbillonne. Ces derniers jours passés à l'hôtel ont été bénéfiques pour moi, mais maintenant je suis heureux de passer à autre chose. 


Le voyage est très divertissant. Don Bowie et moi, discutons de nos plans pour les prochains mois que nous passerons ensemble. Notre minibus est grand et confortable. Les 5 heures jusqu'à Zangmu passent très rapidement.
Zangmu est la ville frontière entre le Népal et la Chine. Avant de passer la frontière, nous devons attendre notre agent de liaison de l'autre côté. Nous traversons la frontière à pied juste après le déjeuner et nous quittons notre confortable minibus pour deux Jeeps. Tout est contrôlé et nous devons patienter dans la file d'attente conformément à l'ordre des noms figurant sur les permis. Les gardes-frontières ouvrent nos bagages. Apparemment, nos livres semblent très intéressants. Les officiers chinois inspectent nos livres avec beaucoup d'attention. Finalement, nous sommes autorisés à passer plus rapidement que nous ne l'aurions pensé et nous y sommes : au Tibet. Tout d'un coup, le caractère des bâtiments changent. Rien que des bâtiments froid. Cela me rappelle les constructions des bâtiments préfabriqués à Moscou. Bienvenue dans le communisme.

Nous passons la nuit à Zangmu. Le lendemain matin, nous continuons notre voyage jusqu'à Nyalam, à environ une heure de Zangmu. A partir de là, nous continuons notre voyage à pied. Nous avons besoin des agents de liaisons un jour de plus pour organiser les yaks. En tout, nous aurons besoin de 29 yaks pour notre trek qui nous mènera jusqu'au camp de base de Shisha Pangma. Nous serons 6 personnes. Don Bowie et moi avons construit l'équipe. Il y a Freddy Widmer, un journaliste Suisse qui a écrit pendant plusieurs années pour le "Basier Zeitung". Il m'a dit plusieurs fois qu'il aimerait se joindre à un camp de base. Maintenant, il en prend le chemin. Rob Frost est avec nous. Il travail pour "Sender Films". Niklas Hallstrom de Suède et le Sherpa Furtenji Sherpa. Ensuite, nous avons un cuisinier avec 1200 kg d'équipement. Je suis impatient de partir, je n'en peux plus d'attendre...

Don Bowie a 41 ans. Il a déjà gravi le K2 sans oxygène et il a réussi le Gasherbrum I. Don mesure 1m90 et pèse 85 kilos. Je disparais à côté de lui ! J'aime ça façon d'être calme. Je suis sur que nous allons bien nous entendre en montagne. 
Ensemble nous allons nous dégourdir les jambes en courant sur les collines avoisinantes. Il est toujours bon de bouger les jambes. Quand j'arrive au sommet, je rencontre deux tibétains. Ils ont fait un feu sur un autel et sont assis confortablement sous les drapeaux de prière. Ils boivent du thé noir du Tibet avec du beurre rance. Ils me proposent un morceau de viande coupé, mais je refuse avec grâce. C'était tentant, mais je doute que mon estomac puisse digérer la viande. Poliment, je refuse même un thé. Bien que j'aime particulièrement celui des tibétains, il aurait probablement eu le même effet que la viande. A côté des tasses de thé, j'aperçois quelques canettes de Red Bull Chinoises. Cela me fait sourire. Lorsque Don arrive lui aussi, l'un des tibétains nous indique la route à suivre pour rejoindre le camp de base. Depuis le sommet, tu peux reconnaitre la vallée, mais malheureusement, il ne parle pas un mot d'anglais. Nous continuons notre chemin sur la crête jusqu'au prochain sommet avant de redescendre. Nous déjeunons vers 14h30. La cuisine chinoise est délicieuse. J'aime ce concept de plaques pour cuir nos différents légumes, tofu et autres champignons, le tout accompagné de riz. Vous remplissez votre petite tasse de riz et vous l'accompagnez avec les légumes de votre choix. les tasses sont petites. Vous pouvez donc gouter plusieurs choses sans trop vous gaver. Nous buvons du Sprite, un produit occidental, histoire de ne pas oublier d'où nous venons… Par contre, ce que je n'aime pas ici, c'est que c'est très sale… J'espère que nous n'aurons pas de problèmes avec nos estomacs !



Nous quittons Nyalam le matin du 13 avril. Dans un premier temps, nous voyageons pendant 2 km sur le toit d'un camion, jusqu'à l'arrêt brutal de la route. Ici, nos yaks et leurs tireurs nous attendent. La météo ne semble pas être de notre côté. Le ciel est nuageux et des cirrus annonce prochainement la pluie ou la neige. Les pilotes de Yaks n'y prêtent que très peu attention. Les charges sont à nouveau pesées, avec tous le folklore Tibétain et les discussions sans fin. Nous nous tenons à l'écart et laissons tout ça se passer. Au final, il faut 2 yaks supplémentaires. Pour éviter de perdre plus de temps, je décide de payer immédiatement 200 dollars. Après que tout soit réglé, nous les retrouvons entrain de boire du thé et fumer leur cigarette. Ce n'est qu'après, que les tireurs ont commencé à préparer leurs yaks. Et pendant ce temps, la neige commence à tomber. Nous décidons de partir, la caravane suit aussi. Le temps est vraiment pitoyable et nous commençons déjà à penser à l'échec. Mais rien de tout ça ne se produira. Nous marchons pendant 7 heures sous une neige lourde et intense. Visibilité : pratiquement nulles. 

A 4370 m, il est temps de s'arrêter une première fois. Il est déjà 19h30 et nous décidons de nous reposer. Tout se déroule bien et les tireurs de yaks se dépêchent. Tous le monde veut se réfugier sous une tente. 
Nous mangeons vers 23h lorsque tout est prêt. Tout au long de la nuit, la neige ne cessera de tomber. Mais en matinée, la météo semble meilleure. Heureusement…



Cela prend une éternité avant que nous puissions repartir. Les Tibétains ne veulent pas prendre le risque d'avoir une crise cardiaque à cause du stress. Cependant, il y a plus de chance qu'ils en attrapent un à cause de leurs cigarettes.
Il est midi quand finalement nous reprenons la direction du camp de base. 3 yaks de tête marchent sans équipement afin de stimuler les autres. Le soleil et la fonte des neiges nous aide dans notre progression. J'aime marcher dans cette caravane. 11 tireurs de yaks, 31 yaks, notre équipe sans oublier les 2 chiens tibétains.
Le camp de base se situe à 5306 m au dessus du niveau de la mer, sur le bord d'un lac. Un endroit magnifique. Le paysage est très vaste. Pas une vallée étroite, au contraire, de vastes zones forment le plateau du Tibet, délimitée par les plus hautes montagnes existantes sur Terre.

Nous sommes arrivés à notre camp de base. A partir de maintenant, nous pouvons de nouveau déterminer notre propre rythme…

Ci-dessous, une galerie photo : Sur la route vers le camp de base...




Retrouvez les toutes dernières actualités de Ueli sur Facebook ou sur Twitter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire